Le premier livre d'Esdras,
communément appelé "l'Esdras grec", est un livre de la Septante, cette
traduction grecque de la Bible hébraïque grâce à laquelle le livre sacré des
Juifs s'est répandu dans tout le bassin méditerranéen.
Son titre dans la Septante est Esdras A'
(c'est-à-dire Esdras 1 dans la numérotation grecque), pour le distinguer
d'Esdras B', le second livre d'Esdras, beaucoup plus proche
du texte hébreu qui nous est parvenu. A ce titre, Esdras A' est un
apocryphe, un livre qui a été exclu du canon biblique tel que nous le présente
le recueil de textes hébreux que nous appelons l'Ancien Testament.
Le judaïsme tel que nous le connaissons (avec
la lecture de la Loi se substituant au sacrifice sanglant) est directement
issu de ce livre méconnu. Mais, à l'opposé de pratiques exégétiques qui aboutissent
à une tradition intellectuelle remarquable, ce texte peut également servir
de base à l'intégrisme le plus radical, puisqu'il prône ouvertement la nécessité
d'une pureté ethnique, éventuellement assortie de ce qu'il faut bien appeler
(dans ce livre du moins) une purification ethnique...
Le livre couvre une période
qui s’étend environ de -622 à -397. Il s’ouvre avec la Pâque célébrée par
le roi Josias; il continue avec le récit de sa mort et la succession des rois
qui ont suivi avant la déportation de Babylone (chapitre I). Le chapitre II
évoque l’intervention de deux souverains perses, Cyrus qui libère les Juifs
et un Artaxerxès qui, à la demande des Samaritains, s’oppose à la construction
du temple. Les chapitres III et IV sont
une partie originale qui raconte un concours entre trois gardes du corps de
Darius: le vainqueur de ce concours s’avère être Zorobabel qui demandera en
récompense à Darius que l’on reconstruise le temple de Jérusalem. Les chapitres
V à VII racontent les circonstances dans lesquelles le temple, malgré diverses
difficultés, a pu être rebâti et fonctionner normalement. Les chapitres VIII
et IX sont consacrés à la mission d’Esdras qui se caractérise principalement
par le recrutement de Lévites compétents, l’expulsion des femmes étrangères
que les Juifs ont pu épouser et l’instauration de la lecture de la Loi.
Tous ces éléments, hormis le concours des gardes
de Darius, ont leur correspondant dans le deuxième livre des Paralipomènes
et Esd.B’.
Le travail que l'on va lire est issu de ma thèse de doctorat
(Études sur la Bible grecque des Septante: 1 Esdras) soutenue le 10
janvier 1997, devant MM. Gilles Dorival (professeur à
l’Université de Provence, Institut
Universitaire de France ), Jan Joosten (professeur à l’Université
de Strasbourg II ), Francis Schmidt (directeur d’études à l’EPHE
, 5e section) et Pierre Villard (professeur à
l’Université de Provence). Ce travail a obtenu la mention très honorable,
avec félicitations du jury; il s’inscrivait dans l’entreprise de traduction
commentée de la Septante, La
Bible d'Alexandrie aux éditions du CERF
, sous la direction de Marguerite Harl. La forme de cette collection, sa présentation,
mais surtout le dessein dans lequel elle est éditée informent donc largement
ce travail, qui a principalement pour objet de permettre une lecture de la
Septante dans ce qu’elle a de spécifique.
Cependant, comme il n'était pas question pour
les éditions du CERF de publier in extenso une thèse de 360 pages à
interligne simple, je devais réduire mon travail au quart de sa longueur initiale,
ce qui lui faisait perdre tout son sens. Pour ces raisons (et pour d'autres
plus personnelles...) ce travail ne sera donc jamais livré aux éditions du
CERF, et il y aura un trou noir au milieu des tomes bleus de la Bible d'Alexandrie.
On trouvera donc ici la version non expurgée de mon travail.
On fait d’abord le point sur la réception de cet apocryphe:
son rejet par saint Jérôme et une partie de la tradition; le problème de la
canonicité et le vocabulaire utilisé pour désigner les livres extérieurs au
canon (apocryphes, pseudépigraphes et deutérocanoniques); la réception du
livre chez Flavius Josèphe et les Pères de l’Église.
Il ressort de cela que jusqu’à saint Jérôme le livre d’Esd.A’ a joui
d’une réputation tout à fait honorable, qui fait qu’on le cite à côté des
livres les plus prestigieux de la Bible. Le canon biblique, défini par les
pharisiens, qui incluait certainement Esd.A’ dans les Écrits, montre
que le rejet d’Esd.A’ doit être attribué à saint Jérôme.
On montre ensuite qu’Esd.A’ est la traduction d’un texte
protomassorétique rédigé en hébreu et en araméen. Les leçons des diverses
traditions manuscrites, et en particulier celles issues d’erreurs de lecture
de l’hébreu ou de l'araméen, montrent que le texte traduit par Esd.A’
était écrit en caractères proches de la cursive araméenne d’Éléphantine.
L'examen comparatif des ressemblances et des divergences que
présentent les textes montre clairement que les deux versions grecques traduisent
un texte (hébreu ou araméen) dont la structure consonantique est la même.
Voici, à titre d'exemple, les traductions (volontairement très littérales)
du début de la prière qu'Esdras prononce quand il apprend l'affaire des mariages
mixtes:
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La traduction grecque d’Esd.A’ date du dernier tiers
du second siècle av.J.C., comme le montrent certains éléments du vocabulaire.
Une étude statistique des mots employés dans la Septante révèle des parentés
évidentes avec l’historien Jason de Cyrène, dont l’œuvre a été résumée par
celui que l’on appelle « l’abréviateur » de 2Maccabées. La traduction
est donc d’origine égyptienne; elle se caractérise par un souci constant de
privilégier les tours proprement grecs, à l’inverse de celle d’Esd.B’
qui décalque l’hébreu très servilement.
On étudie ensuite les nombreux problèmes que pose la composition
du livre. Après une esquisse de reconstitution de la chronologie interne d’Esd.A’,
et après avoir exposé les diverses difficultés que soulève cette chronologie
très chaotique, on donne une interprétation de cet apparent désordre: la chronologie
a été bouleversée à dessein afin de souligner à quel point les souverains
achéménides ont toujours été favorables à la nation juive.
On passe ensuite en revue les éléments principaux du livre,
en en donnant une interprétation d’ensemble:
La Pâque du roi Josias: au rebours de la tradition, Esd.A’
montre les défauts de cette Pâque, qui aboutira à la déportation de Babylone;
cet épisode sert de faire-valoir à la réforme d’Esdras qui sera au contraire
en tout point conforme à la Loi.
L’étude des successeurs de Josias dans les diverses traditions
historiques révèle que cette partie de l’histoire a été dès le départ trafiquée
afin de donner telle ou telle inflexion à l’image de la royauté.
Les documents officiels de l’administration perse sont assez
nombreux dans le livre; on examine leur valeur historique et leur utilité
dans l’économie du récit.
Le concours des trois gardes du corps de Darius est un élément
original du livre d’Esd.A’. La comparaison avec la version qu’en donne
Flavius Josèphe montre qu’il ne s’agit pas d’un ajout en grec, mais d’un texte,
en hébreu ou en araméen, qui a disparu ensuite du texte massorétique. Rapproché
de textes empruntés au vieux fonds mythologique indo-iranien, le récit de
ce concours s’avère très proche d’autres récits traitant de rites de passage
propres à restaurer le pouvoir royal. Ce récit a sans doute été adapté par
les Achéménides à des fins de propagande; récupéré par les Juifs de la diaspora,
il contribue à donner une bonne image d’Esdras, en face des deux autres réformateurs
du livre, Josias et Néhémie, le grand absent du livre.
Les listes de recensement sont très importantes quantitativement
dans le livre. Après un examen des aspects principaux des trois grandes listes
du livre, on pose le problème de l’utilité de ces listes: elles sont l’image
d’Israël, ouvert aux étrangers, mais fermé à l’impur.
La répression des mariages mixtes pose problème dans tous
les textes, car les coupables d’exogamie auraient dû normalement être punis
de mort, ce qui n’est pas le cas. Néanmoins, divers indices, dans le vocabulaire,
suggère qu’il y a eu (ou qu’il aurait dû y avoir) une élimination physique
des femmes étrangères avec leurs enfants, ainsi que des Juifs qui les ont
épousées.
Des études thématiques closent l’introduction:
Les Lévites et les prêtres: le livre est fondé sur une montée
en puissance des Lévites, considérés comme l’élite, au détriment des prêtres
fils d’Aaron. Au sacrifice sanglant qui est l’apanage des prêtres aaronides
dont le recrutement est fonction de l’appartenance à ce groupe par naissance,
est substituée la lecture de la Loi par les Lévites, lesquels sont recrutés
non pas en fonction de leur naissance, mais de leur connaissance de la Loi
(écrite et orale).
Le vocabulaire de la faute.
Le vocabulaire de la hiérarchie, chez
les Perses et chez les Juifs.
Les trois personnages, piliers
de l’œuvre, Josias, Zorobabel et Esdras. Est posé le problème de l’existence
historique d’Esdras, qui est remise en question par un certain nombre d’indices;
ce personnage aurait alors en ce cas été forgé de toutes pièces, afin de devenir
le champion des idées pharisiennes sur la transmission et l’enseignement de
la Loi, écrite et orale.
La traduction achève
le premier tome du travail. On peut désormais lire cette traduction avec le
texte grec en regard en allant sur ce
site (qui m'a d'ailleurs emprunté mon travail sans me demander mon avis...).
Le deuxième tome est constitué d’un commentaire
philologique de deux cent vingt pages, verset par verset, reposant sur un
examen comparatif systématique des diverses traditions textuelles du texte
biblique: hébraïque, araméenne, grecques (Esd.A’, Esd.B’ et
les Antiquités juives de Josèphe) et latines (Vulgate et Vieille
Latine).
Après le commentaire suivent des annexes (comprenant
douze tableaux) et deux indices (termes grecs étudiés dans l’introduction
et les notes, versets cités par les Pères de l’Eglise).
Le texte de cette thèse est consultable ou téléchargeable d'un
clic. Cette consultation est réservée
à un usage privé, et non universitaire. Toute reproduction
ou utilisation, même partielle, de ce travail est illicite et entraînerait
des poursuites. Le Code de la Propriété Intellectuelle (CPI) dispose en
effet que l'auteur d'une œuvre de l'esprit jouit du droit exclusif d'exploiter
celle-ci ( articles
L111-1 et L122-4).
Tome 1
Tome 2
Peut-être n'est-il pas inutile de rappeler sur cette page un certain nombre de choses concernant la religion:
il existe une grande religion, L'Islam, la deuxième de France;
cette religion ne correspond en rien à la caricature qu'en donnent certains médias ou à l'image que veulent en donner certains fanatiques;
des trois grandes religions de France (le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam) aucune ne peut affirmer avoir les mains propres;
tous les crimes perpétrés au nom d'une religion l'ont été par des extrémistes, souvent pour de tout autres raisons que la religion;
une conception de la religion fondée sur l'exclusivité et l'exclusion aboutit toujours à la violence;
peu importe la formule ("Got mit uns", "God bless America", "Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens"): le résultat est un bain de sang.
Un homme résistait à l'obscurantisme en Afghanistan, dans l'indifférence générale; Ahmad Shah Massoud a été assassiné le 9 septembre 2001, dans l'indifférence générale. Il a fallu attendre le 11 septembre pour que le monde tourne les yeux vers l'Afghanistan.
Ahmad Shah Massoud était un être humain digne, noble, très pieux sans être fanatique, faisant la guerre par nécessité et donc sans haine, cherchant le dialogue, souhaitant la paix, la démocratie; il aimait la poésie et savait rire avec fraîcheur, sans cynisme.
La cause qu'il défendait est en grand danger, trop d'argent en jeu, trop de pouvoir. La désinformation n'a jamais sévi avec autant d'ampleur.
Pour que son combat n'ait pas été vain, pour que Massoud ne soit pas mort pour rien, un certain nombre d'organisations existent. Ce m'est un pieux devoir de les indiquer ici:
Collectif Liberté Afghanistan : information fiable et mise à jour quotidiennement; nombreux liens.
Afghanistan-Bretagne: programme de construction d'abris pour les réfugiés.
Afghanistan-Lorraine: information de l'opinion publique sur la situation en Afghanistan, l'aide humanitaire au peuple afghan, le soutien aux femmes afghanes et l'aide à toutes actions de coopération dans la Vallée du Panshir, notamment le soutien financier à des écoles pour filles et garçons.
Afghanistan libre: met en place des micro-projets de développement économique en Afghanistan.
Afghanistan-Europe: association pour la défense des droits de l'homme en Afghanistan basée à Bruxelles.
Emission "Le dessous des cartes" sur ARTE: explique très clairement la situation, en montrant comment fondamentalisme, hydrocarbures et bonne conscience humanitaire peuvent fort bien cohabiter.
NEGAR : soutient les droits des femmes d'Afghanistan.
Femmes en marche pour l'Afghanistan: La charte des droits fondamentaux de la femme afghane.
Solidarité Panjshir: actions pour permettre aux habitants et aux réfugiés des régions du Nord de poursuivre et de recréer des structures pédagogiques, en leur permettant d’acheter du matériel scolaire et de payer un salaire aux professeurs.
Bactriane: L'association tente d'apporter un soutien médico-social et éducatif aux femmes et aux enfants afghans ainsi qu'à ceux de la diaspora (projet de créer une clinique et un orphelinat en Afghanistan).
Liberté en Afghanistan: Programme d'aide aux déplacés (achat de tentes et de nourriture) et aux réfugiés de l'intérieur de l'Afghanistan; aide au développement de la vallée du Panjshir.
Le site de la résistance afghane: nombreuses informations (dépêches AFP, témoignages de civils afghans,...).
Interscoop: le site de Christophe de Ponfilly, le réalisateur du film Massoud l'Afghan.
Les vidéos d'interviews du commandant Massoud: en particulier lors de la visite de Massoud en France, quand Jacques Chirac et Lionel Jospin ont trouvé bon de ne pas le recevoir.
D'autres sites, en anglais:
Nothern Alliance.
Massoud of Afghanistan.
Afghan Mujahideen Publications.
Omaid Weekly: le grand journal afghan.
WAPHA, Women's Alliance for Peace and Human rights in Afghanistan.