Petits poèmes érotiques de l’Anthologie
Palatine
(Traduction de Philippe Renault)
ΑΝΤΙΠΑΤΡΟΥ
ΘΕΣΣΑΛΟΝΙΚΕΩΣ
5.3 Ὄρθρος
ἔβη, Χρύσιλλα,
πάλαι δ'ἠῷος
ἀλέκτωρ κηρύσσων
φθονερὴν
Ἠριγένειαν
ἄγει. ὀρνίθων
ἔρροις
φθονερώτατος,
ὅς με διώκεις οἴκοθεν εἰς
πολλοὺς ἠιθέων
ὀάρους. γηράσκεις,
Τιθωνέ. Τί γὰρ
σὴν εὐνέτιν
Ἠῶ οὕτως
ὀρθριδίην
ἤλασας ἐκ
λεχέων ; |
C'est l'aube, Chrysilla, et le coq levé tôt Crie le lever prochain de la jalouse aurore. Honte à toi, maudit coq, le pire des oiseaux, Car, à cause de toi, je quitte ma maison Pour retrouver l'école et donner mes leçons. Tithon, tu te fais vieux, pour avoir de ton lit Chassé, ce beau matin, l'Aurore, ton amie. Antipater
de Thessalonique vécut
au Ier siècle av. J.-C. Il fut un épigrammatiste de talent,
brillant dans le genre érotique comme dans le genre votif où il sut se
montrer fort touchant. |
|
|
||
ΑΡΧΙΟΥ 5.59 "Φεύγειν
δεῖ τὸν Ἔρωτα"
· κενὸς πόνος ·
οὐ γὰρ ἀλύξω πεζὸς ὑπὸ
πτηνοῦ πυκνὰ
διωκόμενος. |
« Fuyons le fourbe Amour, cet enfant dangereux ! » Ô parole bien vaine ! Comment donc échapper à ce funeste dieu Dont l'aile surhumaine est présente en tous lieux. Archias, né à Antioche, vécut à Rome où il bénéficia d'illustres
amitiés en particulier de celle de Cicéron. Archias jouissait à Rome d'une
réputation de grand poète en tant que panégyriste des gloires du moment. |
|
|
||
ΑΔΕΣΠΟΤΟΝ
5.50 Καὶ
πενίη καὶ ἔρως
δύο μοι κακά ·
καὶ τὸ μὲν
οἴσω κούφως, πῦρ
δὲ φέρειν
Κύπριδος οὐ
δύναμαι. |
La pauvreté et l'amour sont des maladies : La première, je puis la supporter encore; Mais les feux envoyés par Cypris, je les abhorre ! Anonyme |
|
|
||
ΜΕΛΕΑΓΡΟΥ
5.57 Τὴν
πυρὶ νηχομένην
ψυχὴν ἂν
πολλάκι καίῃς, φεύξετ', Ἔρως
· καὐτή, σχέτλί,
ἔχει πτέρυγας. |
Si tu me consumes de tout ton zèle, Mon âme va s'enfuir, Éros, Car, sais-tu, comme toi, elle a des ailes. Méléagre
(140-60 av. J.-C.), poète d'origine syrienne mais de père grec, est un des
poètes essentiels de la période hellénistique. Sa facilité et sa suavité ont
largement contribué à sa popularité qui ne s'est pas démentie jusqu'à nos
jours. Épicurien dans l'âme, épris de volupté, autant sensible au charme
féminin qu'au charme masculin, Méléagre n'en fut pas moins un érudit au
savoir fort étendu. C'est lui le premier qui eut l'idée de réunir en une
anthologie les plus beaux poèmes grecs composés jusqu'à son époque. |
|