(26) Mort de Śiśupāla : 37-42

2. 37. Bhīṣma rassure Yudhiṣṭhira : ce sont des chiens qui aboient autour du lion endormi. Śiśupāla l’entend. (= 15 ślokas)

 

Livre II, chapitre 37

1. Vaiśampāyana dit :

« Voyant l’océan des rois semblable à l’Océan

s’agitant tous de colère, Yudhiṣṭhira dit ceci

2. au sage Bhīṣma, l’ancien le meilleur, l’aïeul des Kuru,

comme le Très-Invoqué au grand éclat, le Tueur de ses ennemis, le ferait pour Bṛhaspati :

3. « Ce grand océan des rois s’agite de colère :

dis-moi, grand-père, quel recours choisir ici.

4. Pour qu’il n’y ait pas d’interruption du sacrifice et que qu’il y ait du bonheur pour mes sujets,

dis-moi tout de suite absolument tous les moyens possibles ! ».

5. A ces mots que lui disait Yudhiṣṭhira, le roi du Dharma, connaisseur du Dharma,

Bhīṣma, l’aïeul des Kuru, lui dit cette parole :

6. « N’aie pas peur, ô tigre des Kuru : un chien est-il capable de tuer un lion ?

J’ai choisi précédemment une voie salutaire et bien préparée.

7. Car, comme des chiens assemblés autour d’un lion endormi,

tous ces rois de la Terre nourricière aboient ensemble.

8. Ils se tiennent devant le lion des Vṛṣṇi endormi,

ils aboient en colère, fils, comme des chiens devant un lion.

9. Car tant que l’Impérissable ne s’en aperçoit pas, comme un lion endormi,

le taureau de Cedi, à cause de cela, ce lion parmi les hommes, fait d’eux des lions.

10. Śiśupāla, ô le meilleur des rois, a une intelligence limitée,

il désire mener tous les rois sans exception à la demeure de Yama, mon fils !

11. Désormais Celui-qui-est-né-invisible désire reprendre

l’éclat qu’il y a en Śiśupāla, ô Bhārata.

12. Son discernement est à la dérive, si je puis dire, ô le meilleur des sages,

celui du roi de Cedi, ô fils de Kuntī,  et de tous les rois.

13. Car quel que soit celui que le tigre parmi les hommes désire prendre avec soi,

son intelligence est à la dérive, tout comme celle du roi de Cedi.

14. Dans les trois mondes aux quadruples natures, Mādhava

est l’origine et la fin de toutes choses, ô Yudhiṣṭhira. ».

15. En entendant sa parole, le roi de Cedi

interpella Bhīṣma avec cette parole qui résonna brutalement, ô Bhārata.

 

 

 

2. 38. Paroles méprisantes de Śiśupāla envers Kṛṣṇa, puis envers Bhīṣma. Il raconte l’Histoire du cygne. Un cygne prêchait la loi aux oiseaux pour les mettre en confiance et mangeait leurs œufs : les oiseaux s’en aperçoivent et le tue. Il en va ainsi de Bhīṣma. (= 40 ślokas)

 

Livre II, chapitre 38

1. Śiśupāla dit :

« En effrayant tous les rois avec toutes ces frayeurs,

comment fais-tu pour ne pas t’enfuir de honte, toi le vieux qui souille sa famille ?

2. Cela te va bien toi, qui te comportes comme le troisième sexe,

de dire une chose qui s’écarte du Dharma ! C’est que tu es le plus éminent de tous les Kuru !

3. Comme un navire remorqué par un navire, ou comme un aveugle qui serait guidé par un aveugle,

c’est bien ainsi que sont les descendants de Kuru qui t’ont toi, Bhīṣma, à leur tête !

4. En glorifiant ses exploits anciens, et en particulier le meurtre de Pūtanā,

tu nous as mis encore davantage hors de nous !

5. Cet imbécile orgueilleux désire glorifier le Chevelu !

Comment, Bhīṣma, ta langue ne se déchire-t-elle pas en cent morceaux ?

6. Là où les hommes les plus niais, Bhīṣma, devraient lancer leur mépris,

tu désires, toi qui es avancé en connaissances, célébrer en grandes pompes un vacher !

7. Si un gros oiseau puant [1] a été tué par lui quand il était jeune, quoi d’étonnant ?

Le cheval et le taureau [2], Bhīṣma, n’étaient pas experts dans l’art de la guerre !

8. S’il a abattu un morceau de bois inanimé,

un chariot [3], d’un coup de pied, Bhīṣma, en quoi a-t-il fait là un prodige ?

9. S’il a soutenu pendant sept jours une montagne de la taille d’une  fourmilière,

le mont Govardhana [4], Bhīṣma, ce n’est pas là un prodige à mon avis !

10. Qu’il ait mangé beaucoup de nourriture pendant qu’il jouait au sommet d’une montagne,

et que nous entendions cela de toi, Bhīṣma, nous entrons dans une extrême stupeur !

11. Et, toi qui connais le Dharma, qu’après avoir mangé la nourriture du roi plus fort que lui,

il ait tué Kaṃsa, ce n’est pas là un grand prodige !...

12. Tu n’as donc jamais entendu, Bhīṣma, des gens de bien dire

la parole que je vais te dire, toi qui connais les crimes contre le Dharma, toi le pire de la lignée de Kuru ?

13. « On ne saurait abattre ses armes sur des femmes, des vaches, des brahmanes,

sur celui dont on mangerait la nourriture, et sur celui qui demanderait protection »,

14. c’est ce qu’enseignent constamment les gens vertueux, les gens de bien, qui suivent le Dharma !

De fait, Bhīṣma, on voit qu’en ce monde tout cela n’est pas pertinent pour toi.

15. Tu me dis que le Chevelu est avancé en connaissances, et ancien, et plus grand,

tu le loues en me parlant comme à un ignorant, ô le meilleur des Kuru !

C’est un tueur de vaches, un tueur de femmes, Bhīṣma ! Comment mérite-til une si grande louange ?

16. « C’est le meilleur parmi les sages, c’est lui le Seigneur de l’Univers » :

si le Tourmenteur-des-hommes suppose qu’il en est comme tu le dis,

eh bien tout ce que tu dis, tout cela n’est certainement pas vrai !

17. L’hymne n’instruit pas le chantre, même s’il le chante souvent.

Les créatures suivent leur nature, comme l’oiseau Bhūliṅga [5].

18. Ta nature est sûrement des plus basses, il n’y a là aucun doute !

Et celle des Pāṇḍava passe pour être encore pire,

19. eux pour qui Kṛṣṇa est hautement honorable, eux dont tu es le modèle,

toi qui parles de Dharma et qui ne connais que les crimes contre le Dharma, toi qui as sauté hors de la voie des hommes de bien !

20. Car quel sage éminent, sachant qu’il suit lui-même le Dharma,

agirait comme tu as agi, Bhīṣma, en prenant égard au Dharma ?

21. Car, alors qu’elle en aimait un autre, ô toi qui connais le Dharma, comment une jeune fille

du nom d'Ambā [6] a-t-elle été enlevée par toi qui, permets-moi de te le dire, tire orgueil de ta sagesse ?

22. Cette jeune fille que tu avais enlevée, Bhīṣma, ton frère,

le roi Vicitravīrya, suivant la conduite des gens de bien, ne l’a pas désirée [7].

23. Et tandis que tu clignais des yeux, tirant orgueil de ta sagesse, c’est avec un autre que ses deux femmes,

pour toi, ont eu des enfants, marchant toutes deux dans la voie de la vertu [8].

24. Car ce n’est pas le Dharma, Bhīṣma, ta fausse chasteté de brahmane :

tu l’entretiens soit par égarement, soit parce que tu es impuissant, ça ne fait pas de doute !

25. Mais je ne vois pas en toi, ô le connaisseur du Dharma, un quelconque progrès,

car tu n’honores pas les anciens qui ont dit ce qu’est le Dharma :

26. l’offrande, le don et l’étude, et les sacrifices accompagnés d’un grand nombre d’aumônes,

tout cela ne mérite pas la seizième partie d’un enfant.

27. Ce qui est accompli à l’aide de beaucoup de vœux et de jeûnes, Bhīṣma,

tout cela, pour qui n’a pas de descendance, est assurément vain.

28. Celui qui est à la fois sans enfant et âgé, c’est parce qu’il a appris le Dharma de travers :

il pourrait justement t’arriver aussi que, pareil au cygne, tu te fasses tuer par tes proches.

29. En effet jadis d’autres hommes qui s’y connaissaient en savoir faisaient un récit

que moi, Bhīṣma, je vais te dire avec précision et que tu vas écouter.

30. Il y avait jadis, dit-on, au bord de l’Océan un vieux cygne.

Il parlait selon le Dharma, mais se comportait différemment, et il enseignait aux oiseaux :

31. « Pratiquez le Dharma, pas ce qui est contre le Dharma ! » : tels étaient les mots

que les oiseaux entendaient toujours, Bhīṣma, de la part de celui qui disait le Dharma.

32. Et la nourriture lui était apportée par les habitants des eaux de l’Océan,

les autres oiseaux, Bhīṣma, au nom du Dharma, d’après ce que nous avons entendu dire.

33. Et, tandis qu’il restait à proximité, les oiseaux abandonnaient complètement

leurs œufs, Bhīṣma, et s’ébattaient en parcourant les eaux de l’Océan.

34. Ce cygne malfaisant mangeaient les œufs de tous

ces négligents, tandis que lui-même ne négligeait pas ses affaires.

35. Et comme les œufs étaient détruits, un autre oiseau

d’une grande sagesse eut des soupçons, et un jour il le vit.

36. Après avoir vu le forfait du cygne, accablé d’une douleur extrême,

l’oiseau alla le raconter à tous les oiseaux.

37. Puis, après l’avoir vu de leurs propres yeux, les oiseaux se rassemblèrent

et tuèrent alors le cygne qui s’était mal comporté, ô fils de Kuru.

38. Et toi qui as le même Dharma que le cygne, puissent aussi ces rois

te tuer, Bhīṣma, dans leur colère, comme les oiseaux ont tué ce cygne.

39. Les gens qui connaissent les récits d’antan chantent à ce sujet une chanson,

Bhīṣma, et je vais te la dire avec précision, ô Bhārata :

40.      « Coupé de l’âme qui est en toi,

tu trompettes le faux sur le char de tes ailes ;

tu as mangé les œufs, tu es impur,

tes actes dépassent tes paroles ! ».

 

 

2. 39. Il reproche l’assassinat de Jarāsaṃdha contre toutes les règles. Bhīma se met en colère et se précipite sur Śiśupāla. Bhīṣma le retient et le calme. Śiśupāla demande à Bhīṣma de laisser Bhīma l’affronter, afin qu’il puisse le tuer. (= 20 ślokas)

 

Livre II, chapitre 39

1. Śiśupāla dit :

« J’estime fort le très puissant roi Jarāsaṃdha

qui n’a pas voulu affronter celui-là dans un combat : « C’est un serviteur » disait-il.

2. Ce qui a été fait lors de l’assassinat de Jarāsaṃdha par le Chevelu,

ainsi que par Bhīmasena et Arjuna, qui peut y applaudir ?

3. Sans franchir aucune porte, sous un déguisement de docteur du Veda,

Kṛṣṇa a vu la majesté du sage Jarāsaṃdha.

4. Reconnaissant dans ce brahmane son propre esprit du Dharma

il offrit d’abord l’eau pour laver les pieds à ce criminel qui ne la souhaitait pas.

5. « Mangez » dit-il à Kṛṣṇa, Bhīma et Dhanaṃjaya ;

Jarāsaṃdha et Kṛṣṇa, ô Kauravya, agirent bien et mal.

6. S’il est le créateur de l’univers comme tu le penses, imbécile,

pourquoi ne se perçoit-il pas lui-même justement comme un brahmane ?

7. Et c’est là pour moi une cause d’émerveillement que ces Pāṇḍava, que tu

as détournés de la voie des gens de bien, pensent que c’est très bien !

8. Ou bien ce n’est pas un prodige que tu soi pour eux, Bhārata,

un maître en toutes choses, étant à la fois efféminé et vieux ! ».

9. Vaiśampāyana dit :

« Quand il eut entendu ce long discours brutal et dit brutalement,

le majestueux Bhīma, le meilleur d’entre les puissants, se mit en colère.

10. Ses yeux pareils au lotus, naturellement grands et larges,

sous l’effet de la colère devinrent très rouges, et les bords des paupières cramoisis.

11. Tous les rois virent ses sourcils se froncer et faire trois pointes,

se dressant sur le sommet de son front comme le Gange au triple delta.

12. Ils voyaient sa bouche serrer les dents de colère,

comme celle du Temps qui, à la fin d’un âge, désire brûler toutes les créatures.

13. Comme le sage s’élançait impétueusement, il fut saisi

par Bhīṣma aux grands bras, comme Mahasena par le Seigneur.

14. Et tandis que Bhīma était arrêté par Bhīṣma, ô Bhārata,

sa colère se transforma en apaisement grâce aux diverses paroles du gourou.

15. Car le dompteur de ses ennemis ne passa pas outre la parole de Bhīṣma,

comme l’Océan agité ne dépasse pas le rivage quand les nuages ont disparu.

16. Mais, pendant que Bhīmasena était furieux, ô roi, Śiśupāla

ne tremblait pas : le héros conservait fermement son courage.

17. Et tandis que l’autre s’élançait impétueusement encore et encore, le dompteur de ses ennemis

ne faisait pas cas de lui, comme un lion pour du petit gibier.

18. Eclatant de rire, le majestueux roi de Cedi dit cette parole

tout en regardant Bhīmasena aux exploits effrayants au comble de la colère :

19. « Lâche-le, Bhīṣma, que les rois le voient

réduit en cendres par le feu de mon ardeur, comme un papillon par le feu ! ».

20. Après avoir entendu la parole du roi de Cedi, le meilleur des Kuru,

Bhīṣma, ce héros parmi les sages, dit ceci à Bhīmasena :

 

 

2. 40. Bhīṣma raconte l’Histoire de Śiśupāla. Śiśupāla est né avec quatre bras et trois yeux et il brayait comme un âne. Son père, effrayé de sa monstruosité veut s’en débarrasser, mais une voix céleste lui dit de ne pas le faire : celui qui doit le tuer est déjà né, les bras et l’œil excédentaires tomberont quand il le prendra sur ses genoux. Les rois viennent voir cet enfant monstrueux, et parmi eux Balarāma et Kṛṣṇa. Quand Kṛṣṇa prend l’enfant sur ses genoux, il redevient normal. Kṛṣṇa accorde un vœu à sa mère, et elle lui demande d’épargner son fils, malgré ses offenses. Kṛṣṇa promet de lui pardonner cent offenses. (= 23 ślokas)

 

Livre II, chapitre 40

1. Bhīṣma dit :

« Dans la famille du roi de Cedi il est né avec trois yeux et quatre bras,

et il hurlait et poussait des cris semblables à ceux d’un âne !

2. Son père et sa mère tremblaient devant lui, de même que leurs parents,

et voyant cette monstruosité, ils songèrent à l’abandonner.

3. Alors une voix désincarnée dit cette parole au roi qui avait le cœur troublé par l’inquiétude,

ainsi qu’à sa femme, ses conseillers et son chapelain.

4. « Ô roi, c’est là un fils illustre qui t’est né, et très puissant !

C’est pourquoi il ne faut pas avoir peur de lui, concentre-toi sur la protection ton enfant [9] !

5. Non, tu n’es pas le trépas pour lui, le temps n’est pas venu,

son trépas est préparé, il sera tué par une arme, ô roi. ».

6. Quand elle eut entendu ce que disait cette voix de nature invisible,

sa mère, tourmentée par son affection pour son fils, dit cette parole :

7. « Celui qui a fait retentir cette voie au sujet de mon fils,

je lui rends hommage en joignant mes mains au-dessus de ma tête. Que cette voix parle à nouveau :

8. Je désire entendre qui sera le trépas pour mon fils. ».

La voix de nature invisible lui dit à nouveau cette parole :

9. « Celui dans le giron duquel, quand il aura été pris, ses deux bras en trop

tomberont par terre, comme deux serpents à cinq têtes,

10. et le troisième œil au milieu du front du garçon

s’enfoncera quand il verra celui qui sera pour lui le trépas ».

11. Ayant entendu parler de cet enfant qui avait, disait-on, trois yeux et quatre bras,

tous les rois de la Terre arrivèrent pour le voir.

12. Le roi leur rendit hommage à mesure qu’ils arrivaient, chacun selon son mérite,

et il mit son fils dans le giron de chaque roi, l’un après l’autre.

13. Et l’enfant monta successivement dans le giron de chacun

de ces milliers de roi, l’un après l’autre, mais il n’y eut aucune manifestation.

14. Puis arrivèrent dans la cité des Cedi le Soustrait et le Tourmenteur-des-hommes [10],

des descendants de Yadu, pour voir la sœur de leur père qui descendait de Yadu.

15. Saluant les rois selon la règle par ordre de prééminence,

Rāma et le Chevelu s’enquirent de leur bonne santé et de leur bien-être, puis s’assirent.

16. Les deux héros furent alors loués et avec une affection extraordinaire,

et la reine déposa elle-même son fils dans le giron de Dāmodara [11].

17. A peine fut-il déposé dans son giron que les deux bras en trop

tombèrent et que l’œil qu’il avait sur le front s’enfonça.

18. Voyant cela, tremblante et effrayée, elle supplia le héros Kṛṣṇa :

« Accorde-moi une faveur, Kṛṣṇa au grand bras, je suis tourmentée par la peur.

19. Car c’est toi le secours des tourmentés, celui qui dissipe les craintes de ceux qui ont peur ».

« N’aie pas peur » dit le Tourmenteur-des-hommes à la sœur de son père.

20. « Quelle faveur dois-je t’accorder, ou que dois-je faire, ma tante ?

Que cela soit possible ou impossible, je ferai comme tu dis ! ».

21. A ces mots, elle dit à Kṛṣṇa, le fils de Yadu :

« Je voudrais que tu sois indulgent avec les offenses de Śiśupāla, ô Puissant. ».

22. Kṛṣṇa lui dit :

« S’il m’offense cent fois, je serai indulgent pour lui, ma tante,

même si ton fils mérite la mort : ne songe pas à la douleur. ».

23. Bhīṣma dit :

« Ainsi Śiśupāla, ce mauvais roi complètement idiot,

te défie, ô héros : la faveur de Govinda le rend orgueilleux. ».

 

 

2. 41. Śiśupāla continue à reprocher son choix à Bhīṣma et passe en revue les autres rois qui auraient dū accéder à cet honneur. Il raconte l’histoire de l’oiseau téméraire qui prêche la prudence, mais se nourrit des morceaux de viande pris entre les dents du lion : sa vie tient au bon vouloir du lion. Il en va de même pour Bhīṣma : sa vie tient au bon vouloir des rois. Bhīṣma s’énerve : que quiconque ne pense pas que Kṛṣṇa est le meilleur, le défie. (= 33 ślokas)

 

Livre II, chapitre 41

1. Bhīṣma dit :

« Ce n’est pas là l’idée du roi de Cedi de défier l’Impérissable :

c’est sûrement la décision de Kṛṣṇa lui-même, le Maître de l’univers.

2. Car quel roi sur Terre, ô Bhīmasena, peut aujourd’hui

m’insulter ? Il serait possédé par un Dieu, comme celui-là qui souille sa famille.

3. Car il est sûrement une particule de l’éclat de Hari, ô Puissant,

et Hari à la vaste gloire désire la remporter.

4. C’est pour cela, ô tigre des Kuru, que, comme un tigre, ce roi de Cedi

rugit fort, cet abruti, sans faire cas de nous tous. ».

5. Vaiśampāyana dit :

« Mais l’homme de Cedi ne supporta pas les paroles de Bhīṣma :

Au comble de la colère il s’adressa à nouveau au sublime Bhīṣma.

6. Śiśupāla dit :

« Que fasse partie de nos ennemis, Bhīṣma, la puissance qu’est celle du Chevelu,

dont tu dis les louanges à la manière d’un barde, toujours debout.

7. Ton esprit, Bhīṣma, se plait toujours à la louange excessive des autres.

Si tu accumules les louanges pour les rois, en laissant tomber le Tourmenteur-des-hommes,

8. loue Darada de Bāhlīka ici présent, le meilleur des rois,

à la naissance duquel la Terre se fendit !

9. Loue Karṇa, Bhīṣma, celui qui supervise les territoires de Vaṅga et Aṅga,

celui qui est pareil par sa force au Dieu aux mille yeux, celui qui bande le grand arc !

10. Loue bien Droṇa et le fils de Droṇa [12], le père et le fils, ces grands auriges,

ceux-là doivent être loués, Bhīṣma, les meilleurs des deux-fois-nés parmi les gens de bien !

11. L’un ou l’autre des deux, Bhīṣma, s’ils étaient au comble de la colère,

ferait qu’il ne resterait plus rien de mobile ou d’immobile sur cette Terre ! Telle est ma pensée !

12. Car je ne vois pas de roi semblable à Droṇa dans le combat,

et il en est de même pour Aśvatthāmā, Bhīṣma, et tu ne veux pas les louer !

13. Et pourquoi ne loues-tu pas aussi des rois comme Śalya ou d’autres,

si ta pensée t’incline à faire des louanges à tout moment, Bhīṣma ?

14. Car que puis-je donc faire si toi tu n’écoutes pas, ô roi,

ce que disaient jadis les anciens qui parlaient selon le Dharma ?

15. Se blâmer soi-même, s’honorer soi-même, blâmer un étranger, louer un étranger,

ce sont là quatre sortes de conduites qui ne sont pas adoptées par les nobles.

16. Si dans ton égarement tu chantes continuellement les louanges de celui qui ne doit pas être loué,

ce Chevelu là, Bhīṣma, personne ne l’approuve.

17. Comment fais-tu entrer l’univers entier dans cet homme de Bhoja,

un chef de bande, un scélérat, par préférence personnelle ?

18. Ou si cette dévotion n’entre pas dans ta nature, ô Bhārata,

je te raconte un récit d’antan, comme celui de l’oiseau Bhūliṅga.

19. L’oiseau du nom de Bhūliṅga vit sur un versant éloigné de l’Himālaya,

Bhīṣma, les mots que l’on entend de lui sont toujours contredits par la réalité.

20. « Pas de témérité ! » crie-il, comme on sait, à longueur de temps,

mais il ne s’aperçoit pas de l’extrême témérité de son propre comportement.

21. Car celui-ci, Bhīṣma, prend dans la gueule d’un lion en train de manger

les fins morceaux de viande coincés entre les dents, ce crétin !

22. Car il vit, Bhīṣma, en fonction de ce que veut le lion, il n’y a pas de doute.

Et c’est ainsi que toi aussi tu dis toujours des mots, alors que tu ne connais pas le Dharma.

23. Tu vis, Bhīṣma, en fonction de ce que veulent les rois de la Terre, il n’y a pas de doute.

Car il n’y a personne d’autre au monde dont les actions soient aussi détestées que les tiennes ! ».

24. Vaiśampāyana dit :

« Après avoir entendu les glapissements du roi de Cedi, Bhīṣma

dit cette parole, ô roi, au roi de Cedi qui l’écouta :

25. « Ah oui, c’est sûr, je vis en fonction de ce que veulent les rois de la Terre,

moi qui n’estime pas même ces rois comme des fétus de paille ! ».

26. A ces mots de Bhīṣma les rois se mirent en colère :

certains se raidirent, certains blâmèrent Bhīṣma.

27. Certains maîtres archers dirent, après avoir entendu les paroles de Bhīṣma :

« Ce mauvais, cet orgueilleux, ce vieux Bhīṣma ne mérite pas notre pardon !

28. Que cet insensé de Bhīṣma se fasse bien tuer, comme un bétail, par les rois

furieux, tous réunis, ou qu’il soit brûlé dans un feu de paille ! ».

29. Après avoir entendu de telles paroles, l’aïeul des Kuru,

le sage Bhīṣma, parla ainsi aux seigneurs de la Terre :

30. « Je ne distingue pas de fin à ces parlottes.

Ecoutez tout ce que je vais dire, seigneurs de la Terre.

31. Celui qui me tue comme un bétail ou qui me brûle dans un feu de paille,

je lui mets mon pied entier sur la tête !

32. Ici se tient Govinda à qui nous avons rendu hommage, l’Impérissable :

celui d’entre vous qui a dans l’idée de mourir rapidement,

33. qu’il défie au combat Kṛṣṇa, le Mādhava qui porte l'arc Śārṅga [13] et la massue,

jusqu’à ce qu’il tombe et pénètre dans le corps de ce Dieu ! ».

 

 

2. 42. Śiśupāla défie Kṛṣṇa. Kṛṣṇa raconte les nombreuses offenses que lui a faites Śiśupāla, et en particulier qu’il a courtisé Rukminī. Śiśupāla se moque de lui . Kṛṣṇa lui coupe la tête de son disque. Une aura radieuse sort du corps de Śiśupāla et entre en Kṛṣṇa. Les rois ne savent quelle conduite prendre. On procède aux cérémonies funèbres pour Śiśupāla, et son fils est fait roi. Le sacrifice de la consécration royale reprend, sous la garde de Kṛṣṇa. A la fin des cérémonies, les rois souhaitent bonne chance à Yudhiṣṭhira et celui-ci les remercie et les fait raccompagner par ses fils aux frontières de son royaume. Kṛṣṇa fait ses adieux et part pour Dvārakā. Ne restent à Indrapraṣṭa que Duryodhana et Śakuni. (= 60 ślokas)

 

Livre II, chapitre 42

1. Vaiśampāyana dit :

« Après avoir entendu Bhīṣma, le roi de Cedi à la grande vaillance,

impatient d’en découdre avec Vāsudeva, dit à Vāsudeva :

2. « Je te défie, viens te battre avec moi

que je te tue aujourd’hui en même temps que tous les Pāṇḍava !

3. Car en même temps que toi, Kṛṣṇa, les Pāṇḍava doivent de toute manière être tués,

eux qui, ne faisant pas cas des rois, t’ont honoré alors que tu n’es pas un roi.

4. Dans leur sottise, toi qui n’es pas un roi, qui es un serviteur mauvais, ils t’honorent

alors que tu ne le mérites pas comme si tu le méritais, Kṛṣṇa : il faut les tuer, tel est mon avis ! ».

Et en disant cela, ce tigre parmi les rois se tenait là, rugissant avec impatience.

5. A ces mots, Kṛṣṇa dit doucement cette parole

à tous les rois et sous les yeux des Pāṇḍava :

6. « Ce fils d’une femme de Satvat, ô rois, est à jamais notre ennemi,

et avec son âme méchante il n’est pas bien disposé envers ceux de Satvat qui ne lui ont causé aucun tort.

7. Sachant que nous étions allés dans la cité de Prāgjyotiṣa, ce malfaisant

incendia Dvārakā alors qu’il est notre neveu, ô roi !

8. Tandis que les nobles s’ébattaient sur le mont Raivataka,

il les tua tous ou les enchaîna, et il retourna dans sa cité.

9. Lors du sacrifice du cheval, il vola le coursier du sacrifice qu’on avait laissé libre et qui était entouré de gardes,

afin de faire obstacle au sacrifice de mon père, par malveillance.

10. Alors qu’elle allait chez les Suvīras pour être donnée au glorieux Babhru,

dans son égarement il enleva celle qui allait être sa femme, contre son gré.

11. Caché par magie, il enleva la pieuse Bhadrā de Viśālā

pour Karūṣa, par malveillance envers son oncle paternel.

12. A cause de ma tante paternelle je supporte une très grande souffrance ;

mais par chance cela a lieu aujourd’hui en présence de tous les rois.

13. Car les seigneurs voient aujourd’hui l’offense extrême qui m’est faite ;

mais apprenez les actions qu’il a faites en cachette.

14. Je ne peux pas pardonner aujourd’hui son offense,

à cause de son orgueil au milieu du cercle de tous les rois, il mérite la mort.

15. Il y a eu de la part de ce crétin qui veut mourir une demande concernant Rukmiṇī,

et ce crétin ne l’a pas obtenue, comme un serviteur n’obtiendrait pas une lecture des Veda ! ».

16. Et tous les rois qui étaient rassemblés, en entendant encore de telles paroles

de la part de Vāsudeva, blâmaient le roi de Cedi.

17. Puis, après avoir entendu cette parole, le majestueux Śiśupāla

se mit à rire bruyamment et, éclatant de rire, il dit en plaisantant :

18. Tu racontes, Kṛṣṇa, que Rukmiṇī était à moi auparavant, devant des gens assemblés,

en particulier devant des rois : comment n’as-tu pas honte ?

19. Car quel homme qui songe aux convenances raconterait

jamais que sa femme était à un autre auparavant, à part toi, Destructeur-de-Madhu ?

20. Pardonne-moi si tu as de la loyauté, ou bien, Kṛṣṇa, ne me pardonne pas :

que tu sois en colère ou bien serein, que peut-il m’arriver venant de toi ?... ».

21. Tandis qu’il parlait ainsi, le bienheureux Destructeur-de-Madhu, 

le Tourmenteur-de-ses-ennemis, en colère, lui arracha la tête avec son disque.

Le roi au grand bras s’écroula comme une montagne frappée par la foudre.

22. Alors les rois virent sortir du corps du roi de Cedi un éclat

magnifique, ô Mahārāja, pareil au Soleil dans le ciel.

23. Puis Kṛṣṇa aux yeux de lotus, auquel le monde rend hommage,

fut honoré par cet éclat qui entra en lui, ô roi.

24. En voyant cela, tous les rois pensèrent que c’était là un prodige

que cet éclat entre dans le meilleur des hommes au grand bras.

25. Dans le ciel sans nuages il se mit à pleuvoir avec des éclairs brillants,

quand Kṛṣṇa tua l’homme de Cedi, et la Terre nourricière trembla.

26. Et là certains rois ne disaient plus rien,

fixant le Tourmenteur-des-hommes dans ce moment indescriptible.

27. D’autres, indignés, se frottaient les doigts avec leurs mains.

D’autres mordaient leurs lèvres avec leurs dents, crispés de colère.

28. Mais en secret certains rois louaient le descendant de Vṛṣṇi.

Et certains encore étaient furieux, et d’autres étaient neutres.

29. Joyeux, vinrent vers le Chevelu les grands sages qui le louaient,

et les brahmanes au grand cœur, et les rois très puissants.

30. Le Pāṇḍava dit à ses frères : « Rendez tous les honneurs

sans délai au roi, le héros fils de Damaghoṣa. ».

Et ils accomplirent ainsi ce que leur ordonnait leur frère.

31. Et le fils de Pṛthā, en compagnie des rois de la Terre, donna l’onction royale

à son fils, comme roi souverain des sujets de Cedi.

32. Puis le sacrifice du roi des Kuru continua, ô roi,

avec toutes sortes d’opulences, dans une grande splendeur, réjouissant les jeunes hommes.

33. Une fois ces obstacles neutralisés, ce fut le début du bonheur, avec une grande quantité de richesses et de riz,

avec une abondance de nourriture, de grandes quantités de plats, le tout bien protégé par le Chevelu.

34. Et le Tourmenteur-des-hommes au grand bras acheva

le grand sacrifice de consécration royale et mena la cérémonie à terme,

et le bienheureux descendant de Śūra, portant l'arc Śārṅga, son disque et sa massue, le protégeait.

35. Et quand Yudhiṣṭhira, le roi du Dharma, eut accompli ses ablutions et que le sacrificateur et de ses instruments eurent été purifiés,

toute la noblesse royale réunie s’approcha de lui et lui dit :

36. « Tu prospères heureusement, ô connaisseur du Dharma, tu as obtenu la souveraineté, Seigneur !

La gloire des descendants d’Ajamīḍha a grandi grâce à toi, ô Ājamīḍha.

Et avec ce rite, ô roi des rois, tu as rendu le Dharma très grand.

37. Nous prenons congé, ô tigre parmi les hommes, après avoir été honorés selon tous nos désirs.

Nous retournons dans nos royaumes : daigne nous donner congé. ».

38. Quand il eut entendu les paroles des rois, Yudhiṣṭhira, le roi du Dharma,

honora les rois selon leurs mérites et dit à tous ses frères :

39. « Tous ces rois sont tous venus chez nous amicalement.

Ces tourmenteurs de leurs ennemis partent vers leurs royaumes et prennent congé de moi.

Faites escorte à ces rois, si vous le voulez bien, jusqu’aux frontières de mon territoire. ».

40. Obéissant aux paroles de leur frères, les Pāṇḍava, fidèles au Dharma,

escortèrent les rois les plus éminents un par un, selon leurs mérites.

41. Le majestueux Dhṛṣṭadyumna escorta rapidement Virāṭa,

et Dhanaṃjaya, le grand aurige, escorta le Chef-de-l’armée-sainte au grand cœur.

42. Le très puissant Bhīmasena escorta Dhṛtarāṣṭra et Bhīṣma,

et Sahadeva le grand aurige escorta le héros Droṇa avec son fils.

43. Nakula, ô roi, raccompagna Subala avec son fils,

et les fils de Draupadī avec le fils de Subhadrā raccompagnèrent les rois des montagnes.

44. Les taureaux parmi les nobles guerriers raccompagnèrent de même les autres nobles guerriers,

et après avoir été ainsi honorés, les brahmanes partirent tous ensemble.

45. Quand les seigneurs parmi les rois furent tous partis, ô taureau des Bhārata,

le majestueux Vāsudeva dit ceci à Yudhiṣṭhira :

46. « Je prends congé de toi, je vais partir à Dvārakā, ô fils de Kuru :

tu as heureusement obtenu la consécration royale, qui est le meilleur des sacrifices. ».

47. Après l’avoir écouté, le roi du Dharma dit ceci au Destructeur-de-Madhu :

« Grâce à toi, ô Govinda, j’ai obtenu le sacrifice.

48. Toute la noblesse royale réunie, grâce à toi, obéit à mon autorité,

acceptant de me verser un tribut magnifique dont je dispose.

49. Non, sans toi, ô héros, nous n’aurons pas de joie, en aucune façon,

mais il faut bien aussi que tu ailles dans ta cité de  Dvāravatī. ».

50. A ces mots, Hari au cœur loyal, à la vaste gloire, accompagné de Yudhiṣṭhira,

s’approcha de Pṛthā et lui dit affectueusement :

51. « Tes fils ont obtenu la souveraineté aujourd’hui, ma tante,

ils ont atteint leur but, ils sont riches : réjouis-toi !

52. Quand tu m’auras donné congé, je me permettrai d’aller à Dvārakā. ».

Le Chevelu présenta ses respects à Subhadrā et à Draupadī,

53. et il sortit du gynécée, accompagné de Yudhiṣṭhira,

après avoir fait ses ablutions, prié à voix basse et salué les brahmanes.

54. Après avoir fait atteler le char, pareil à un beau nuage,

bien équipé, Dāruka, ô Mahārāja, s’était approché.

55. Quand il vit que le char était prêt, portant Tārkṣya sur son magnifique étendard,

s’en approchant par la droite, le héros aux yeux de lotus,

et au grand cœur y monta, et il partit vers la cité de Dvāravatī.

56. Yudhiṣṭhira, l’illustre roi du Dharma, en compagnie de ses frères

escorta à pieds le puissant Vāsudeva.

57. Puis, retenant un moment son char magnifique, Hari

aux yeux de lotus parla au fils de Kuntī, Yudhiṣṭhira :

58. « Reste toujours attentif à protéger tes sujets, ô Seigneur des peuples :

comme les créatures doivent la vie au Dieu de la pluie, comme les oiseaux à leur grand arbre,

que tes parents vivent par toi, comme les immortels par le Dieu aux mille yeux. ».

59. Après avoir faits des conventions entre eux, Kṛṣṇa et le Pāṇḍava

prirent congé l’un de l’autre, et ils retournèrent chez eux.

60. Quand Kṛṣṇa, le plus éminent des Satvat, ô roi, fut arrivé à Dvāravatī,

seuls le roi Duryodhana et Śakuni fils de Subala,

ces deux taureaux parmi les hommes, demeurèrent dans la divine grand-salle.

 

 



[1] La démonesse Pūtanā « Putride », qui personnifie la maladie des nourrissons ; nourrice au service de Kaṃsa, elle donna le sein à Kṛṣṇa nouveau-né pour l'empoisonner, mais celui-ci la vida de sa substance vitale et provoqua sa mort.

[2] Le cheval est Keśī, Asura allié de Kaṃsa, qui se rendit à Gokula sous la forme d'un cheval pour tuer Kṛṣṇa, mais fut détruit par ce dernier. Le taureau est l’Asura Ariṣṭa, ayant l'aspect d'un énorme taureau furieux ; il fut vaincu par Kṛṣṇa, qui le poignarda avec sa propre corne.

[3] Jeu de mots intraduisible : Kṛṣṇa a tué l’Asura Śakaṭa ; mais śakaṭa signifie aussi « chariot ».

[4] Le mont Govardhana «où prospèrent les vaches», fut soulevé par Kṛṣṇa enfant pour protéger ses bergers de la tempête d'Indra.

[5] Un oiseau censé cueillir des restes de viande sur les dents de lion, exemple de témérité irréfléchie.

[6] Ambā, fille aînée du roi de Kāśi était promise au roi Śālva, et elle fut enlevée par Bhīṣma. Elle partit dans l'Himālaya faire de terribles pénitences et Śiva lui accorda de renaître transsexuelle comme Śikhaṇḍin pour tuer Bhīṣma.

[7] En fait Bhīṣma est supplié par Ambā de la relâcher ; pris de scrupules il accepte après avoir consulté les brahmanes (Mah. I,96, 47-51).

[8] A la mort de Vicitravīrya sans héritier, il marie les deux veuves à l'ascète Vyāsa. L'aîné de cette union Dhṛtarāṣṭra étant aveugle, il couronne le cadet Pāṇḍu.

[9] Etymologisation du nom de Śiśupāla par « protéger » et śiśu « enfant ».

[10] Saṃkarṣaṇa « le soustrait » est Balarāma qui a été soustrait de la matrice de Devakī pour être transféré dans celle de Rohiṇī par la magie de Yogamāyā. Le Tourmenteur-des-hommes est Kṛṣṇa.

[11] Dāmodara, épithète de Kṛṣṇa enfant « attaché par une corde autour de sa taille » (par sa nourrice Yaśodā pour ses espiègleries).

[12] Aśvatthāmā.

[13] L'arc Śṛṅga «Pointu» de Viṣṇu.