Iliade, I 101- 129

(la dispute entre Achille et Agamemnon)

 

³toi ÷ g' Íw eÞpÆn kat' r' §zeto: toÝsi d' Žn¡sth
´rvw ƒAtreýdhw eérç kreÛvn ƒAgam¡mnvn
Žxnæmenow: m¡neow m¡ga fr¡new Žmfim¡lainai
pÛmplant', össe purÜ lampetñvnti ¤ýkthn:

K‹lxanta prÅtista k‹k' ôssñmenow pros¡eipe:

m‹nti kakÇn pot¡ moi kr®guon eäpaw:
aÞeÛ toi k‹k' ¤stÜ fÛla fresÜ manteæesyai,
¤sylòn d' oët¡ pv eäpaw ¦pow oët' ¤t¡lessaw:
kaÜ nèn ¤n DanaoÝsi yeoprop¡vn Žgoreæeiw
Éw toèd' §nek‹ sfin ¥khbñlow lgea teæxei,

oìnek' ¤gÆ koærhw Xrushýdow Žgl‹' poina
oék ¦yelon d¡jasyai, ¤peÜ polç boælomai aét¯n
oàkoi ¦xein: kaÜ g‹r =a Klutaimn®strhw prob¡boula
kouridÛhw Žlñxou, ¤peÜ ¥y¡n ¤sti xereÛvn,
d¡maw oéd¢ fu®n, oët' ’r fr¡naw oët¡ ti ¦rga.

ŽllŒ kaÜ Ïw ¤y¡lv dñmenai p‹lin g' meinon:
boælom' ¤gÆ laòn sÇn ¦mmenai µ Žpol¡syai:
aétŒr ¤moÜ g¡raw aétÛx' ¥toim‹sat' öfra oäow
ƒArgeÛvn Žg¡rastow ¦v, ¤peÜ oéd¢ ¦oike:
leæssete gŒr ge p‹ntew ÷ moi g¡raw ¦rxetai llú.

tòn d' ±meÛbet' ¦peita pod‹rkhw dÝow ƒAxilleæw:
ƒAtreýdh kædiste filokteanÅtate p‹ntvn,
pÇw g‹r toi dÅsousi g¡raw meg‹yumoi ƒAxaioÛ;
oéd¡ pou àdmen jun®óa keÛmena poll‹:
ŽllŒ m¢n polÛvn ¤jepr‹yomen, d¡dastai,

laoçw d' oék ¤p¡oike palÛlloga taèt' ¤pageÛrein.
ŽllŒ m¢n nèn t®nde yeÒ prñew: aétŒr ƒAxaioÜ
tripl» tetrapl» t' ŽpoteÛsomen, poyi Zeçw
dÒsi pñlin TroÛhn eéteÛxeon ¤jalap‹jai.

Ayant ainsi parlé, il s'assit. Et le héros Atréide Agamemnôn, qui commande au loin, se leva, plein de douleur; et une noire colère emplissait sa poitrine, et ses yeux étaient pareils à des feux flambants.

Furieux contre Kalkhas, il parla ainsi :

« Divinateur malheureux, jamais tu ne m'as rien dit d'agréable.

Les maux seuls te sont doux à prédire.

Tu n'as jamais ni bien parlé ni bien agi ;

et voici maintenant qu'au milieu des Danaens, dans l'agora, tu prophétises que l'Archer Apollôn nous accable de maux parce que je n'ai point voulu recevoir le prix splendide de la vierge Khrysèis, aimant mieux la retenir dans ma demeure lointaine.

En effet, je la préfère à Klytaimnestrè, que j'ai épousée vierge. Elle ne lui est inférieure ni par le corps, ni par la taille, ni par l'intelligence, ni par l'habileté aux travaux.

Mais je la veux rendre. Je préfère le salut des peuples à leur destruction.

Donc, préparez-moi promptement un prix, afin que, seul d'entre tous les Argiens, je ne sois point dépouillé. Cela ne conviendrait point ; car, vous le voyez, ma part m'est retirée. »

Et le divin Akhilleus aux pieds rapides lui répondit :

« Très-orgueilleux Atréide, le plus avare des hommes, comment les magnanimes Akhaiens te donneraient-ils un autre prix ? Avons-nous des dépouilles à mettre en commun ? Celles que nous avons enlevées des villes saccagées ont été distribuées, et il ne convient point que les hommes en fassent un nouveau partage.

Mais toi, remets cette jeune fille à son Dieu, et nous, Akhaiens, nous te rendrons le triple et le quadruple, si jamais Zeus nous donne de détruire Troiè aux fortes murailles. »

 

[traduction de Leconte de Lisle (1818-1894)]